L'inversion accusatoire

Rompre avec un pervers narcissique est déjà un défi en soi. Mais lorsque cette personne fait partie de votre vie quotidienne – qu’elle soit un parent, un ex-conjoint avec enfants, un collègue ou votre supérieur hiérarchique – la complexité atteint un autre niveau. Cet article issu d'un chapitre de mon programme d'accompagnement vous aide à adapter votre stratégie de libération dans le cas d'un lien toxique avec un supérieur hiérarchique.

Voici un cas concret ( issu de mon programme d'accompagnement) :

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Lorsqu’il s’agit de votre responsable hiérarchique

La difficulté ici : vous dépendez hiérarchiquement de la personne toxique, et vos ressources de défense semblent limitées.

Stratégies concrètes :

• Noter chaque abus ou incohérence dans un journal daté : propos déplacés, surcharge volontaire, humiliations.

• Refuser les discussions à huis clos.

• Exemple : “Je préfère qu’on formalise cela par écrit.”

• Prendre RDV avec le médecin du travail ou un conseiller extérieur.

• Faire appel à un tiers de confiance dans la structure (supérieur, référent RH, représentant du personnel).

• Préparer un plan B professionnel (formation, mobilité interne, transition…).

Témoignage :

“Mon manager alternait compliments et humiliations. J’ai cru que j’étais folle. Quand le médecin du travail m’a parlé de manipulation, j’ai enfin eu un mot sur ce que je vivais.” — Léa, 29 ans

Voici un cas concret :

" Mon supérieur est toxique et un membre de sa famille est sous ma direction. Ils semblent comploter ensemble. ils commencent même à m'accuser de harcèlement alors que cela est l'inverse et que j'en suis la victime " Marie 40 ans

"Je vais vous expliquer ce que Marie vie actuellement, pour que vous puissiez comprendre à quel point ce genre de situation peut se retourner contre la personne qui tente de se protéger."

"Mon supérieur hiérarchique adopte un comportement toxique avec moi" : cela signifie qu’il me déstabilise régulièrement, me critique de manière injustifiée, me met une pression constante ou cherche à me discréditer. Il ne s’agit pas de simples conflits professionnels, mais d’un rapport de domination psychologique, insidieux et destructeur.

"Et pour compliquer les choses, un de ses proches — son beau-frère — travaille sous ma responsabilité." Ce lien familial crée une alliance implicite entre eux. En apparence, ils gardent leurs rôles hiérarchiques, mais dans les faits, ils semblent agir de concert : conversations hors cadre, prises de position alignées, silence complice ou désinformation...

"J’ai rapidement senti que quelque chose se jouait dans mon dos." Leurs échanges, leurs regards, certaines rumeurs qui circulaient, m’ont mise en alerte. Et ce que je pressentais s’est confirmé : ils ont commencé à retourner la situation contre moi.

Ce qu’ils essaient de faire, c’est ce qu’on appelle une inversion accusatoire :

C’est une stratégie classique dans les relations toxiques. Celui ou celle qui manipule ou déstabilise accuse sa victime d’être l’agresseur.

Ils disent que je les harcèle.

Mais dans la réalité, ce sont eux qui me mettent en difficulté :

• Ils déforment mes propos

• Me prêtent des intentions que je n’ai pas

• Et me placent dans une position où je dois me justifier sans cesse, alors que je cherche simplement à faire mon travail.

Ce genre de situation est extrêmement douloureux, car elle crée :

• De la confusion mentale : "Est-ce que je suis trop dure ? Est-ce moi le problème ?"

• De l'isolement : les collègues ne savent plus quoi croire

• Une perte de confiance : en soi, en l’environnement professionnel, en la justice interne

Ce qu'il faut retenir absolument , c’est que :

• Ce n’est pas un hasard si les manipulateurs agissent en duo.

• Ce n’est pas une faiblesse de ressentir du doute dans ce type d’ambiance.

• Et surtout : le fait d’être accusée ne veut pas dire que vous êtes coupable.

Adapter n’est pas céder

Une adaptation, pas une trahison

Adapter votre stratégie n’est pas une faiblesse, c’est de l’intelligence émotionnelle. Chaque contexte demande une posture différente. L’objectif reste toujours le même : vous protéger, préserver votre énergie, et vous libérer de l’emprise. Face à un PN, chaque contexte demande un calibrage émotionnel spécifique. Ce n’est pas vous qui êtes faible, c’est votre empathie qui est utilisée contre vous. L’autoprotection passe par des limites ajustées, concrètes, parfois invisibles de l’extérieur, mais profondément libératrices.

Et si nous utilisions une stratégie complète de mise à distance ?

Cette stratégie vise à vous protéger juridiquement, émotionnellement et professionnellement, tout en vous préparant à reprendre le contrôle de votre position.

Ne pas nourrir l’emprise, sécuriser votre posture, préparer la riposte calme.

Verrouiller la communication (canal + forme)

Eviter les échanges flous, interprétables, ou utilisés contre vous.

• Privilégier les écrits.

• Toujours confirmer les demandes ou décisions orales par e-mail :

"Suite à notre échange de ce jour, je vous confirme que..."

• Éviter les discussions informelles non nécessaires.

• Pas de pause café, de blagues ou de détours émotionnels : vous restez pro, factuelle, polie.

• Pas de réaction impulsive

• Ne pas répondre immédiatement si vous sentez que vous êtes sous pression. Prenez le temps de formuler à froid.

Constituer un dossier (en toute discrétion)

Avoir des preuves solides en cas d'accusation formelle ou d’entretien RH.

• Tenir un journal de bord personnel (hors entreprise) :

• Date, heure, faits concrets

• Témoins éventuels

• Sentiment ressenti (sans juger, juste observer)

Archiver tous les e-mails, SMS, messageries avec :

• Réflexions déplacées

• Changements injustifiés

• Tentatives de déstabilisation ou d'inversion accusatoire

Conserver les éléments RH liés à votre travail :

• Evaluations

• Missions confiées

• Témoignages bienveillants, anciens mails positifs…

Changer votre posture sans vous justifier

Montrer votre intégrité sans chercher à "vous défendre" — vous ne jouez pas sur leur terrain.

Utiliser la posture “Grey Rock” : calme, factuelle, non réactive.

"Je note votre retour."

"Je reste centrée sur mes objectifs professionnels."

"Je propose que cette question soit transmise à la direction ou au service RH."

Refuser les débats émotionnels :

"Ce type de remarque ne me semble pas constructive dans le cadre de mes missions."

"Je ne commenterai pas les interprétations. Je reste concentrée sur les faits."

Ne pas parler de leur alliance (beau-frère/supérieur) dans un premier temps : ça pourrait être retourné contre vous comme “susceptibilité”. Concentrez-vous sur les faits uniquement.

Anticiper l’entretien RH ou la plainte inversée

Ne pas être prise de court si on vous accuse formellement.

Préparer un document clair, chronologique, structuré :

• Contexte général

• Dates clés

• Événements problématiques

• Impact sur votre travail

• Preuves jointes (mail, message, témoin)

Si vous vous sentez trop impliquée émotionnellement :

Vous faire accompagner par un avocat, un syndicat ou un médecin du travail.

Style du discours à tenir :

“Je suis actuellement dans une situation délicate, avec une pression hiérarchique inhabituelle. Il m’est reproché des faits infondés, et j’ai le sentiment qu’une manipulation est à l’œuvre. Je préfère en parler avant que cela ne prenne une tournure injuste.”

Autre façon de dire les choses :

Je souhaite vous faire part d’une situation préoccupante que je vis actuellement dans mon cadre professionnel.

Depuis quelque temps, j’observe une dégradation de l’ambiance de travail, avec des comportements à mon égard que je ressens comme manipulateurs et injustes. On commence à me reprocher des faits que je conteste, et j’ai le sentiment d’être victime d’un retournement d’accusation. En réalité, ce que je vis ressemble davantage à une forme de harcèlement.

Ce qui rend la situation encore plus difficile, c’est qu’elle implique des liens familiaux entre mon supérieur hiérarchique et un collaborateur qui est placé sous ma responsabilité. Cela crée une dynamique de tension qui dépasse le cadre professionnel et qui impacte fortement mon équilibre.

Pour me protéger, j’ai commencé à consigner les faits et les échanges de manière précise, car je souhaite garder une trace claire et factuelle de ce que je subis.

Je ne cherche pas à entrer dans un conflit, mais simplement à exprimer mon besoin d’être entendue, de manière posée et responsable. Je suis bien entendu disponible pour en discuter dans un cadre confidentiel.

Et enfin :

Exemple de lettre de signalement (PDF)

Vous protéger psychologiquement

Ne pas sombrer dans la peur, la culpabilité ou la confusion.

• Renforcer votre entourage soutenant : amis, collègues neutres, thérapeute si besoin. (Tel: 06-50-75-28-67)

• Rappeler à votre mental :

“Le fait d’être accusée ne veut pas dire que je suis coupable.”

“Ma posture calme et cohérente est ma meilleure protection.”

• Pratique de l’ancrage :

Respirations lentes avant chaque réunion, gestes discrets d’apaisement (pouce/index, appui des pieds au sol…).

• Cohérence cardiaque

Voilà de quoi alimenter votre compréhension et ainsi vous permettre de poser les mots nécessaires pour prendre je l'espère un peu de distance et trouver l'apaisement nécessaire pour avancer. Prenez uniquement ce qui vous semble juste pour vous et gardez en tête que vous n'êtes plus seul(e).

Gwenaël JEAUNEAU

Sur vivresanspn.fr, plusieurs programmes d’accompagnement t’attendent :

💠 Programme “Vivre sans PN” – pour sortir de l’emprise, comprendre les mécanismes et te reconstruire durablement.
💠 Programme “Parents et proches - les Aidants” – pour aider un enfant, un ami ou un proche pris dans une relation toxique.
💠 Formation “Devenir accompagnant des victimes de PN” – pour les professionnels ou thérapeutes souhaitant mieux comprendre et soutenir.